Pour ce deuxième témoignage, nous avons donné la parole à Claudia et Adrien. Adrien est paraplégique depuis ses 16 ans, il a rencontré Claudia quelques années plus tard et cela fait aujourd'hui 15 ans qu'ils sont ensemble. Ils nous ont parlé de séduction, de leurs processus d'acceptation et du regard des autres.
Adrien : Je suis devenu paraplégique à 16 ans à la suite d'un accident de moto. A l’époque, j’étais timide et je n’avais jamais eu de copine. Aussi, cela ne faisait pas partie de mes inquiétudes au moment de l’accident.
Finalement, c’est le fauteuil qui m'a libéré de ma timidité. Je ne passais plus inaperçu et je ne pouvais plus me cacher. Alors j’ai dû rapidement apprendre à faire fi des regards, et à oser. Cela m’a servi pour aborder plus facilement sans peur de me prendre un non car… je n’étais plus à ça près !
Je crois que pour un homme, le fauteuil peut être un avantage car tu pars avec un a priori positif. Si tu es en fauteuil, tu es forcément un mec gentil dont il n’y a pas à se méfier. Pour ma part, j'ai rapidement accepté ma situation ce qui m'a permis de faire de belles rencontres de mes 17 à 23 ans.
Je crois personnellement que le fauteuil facilite l’approche, après à chacun de trouver les moyens pour transformer...
Adrien : Avec Claudia, on a commencé à se voir puis au bout de quelques mois, on s’est perdu de vue. Elle se posait des questions et avait besoin de temps. Moi, ma psychologie était claire : si ça marche tant mieux mais sinon tant pis, je suis préparé aux deux issues. On s’est retrouvé deux ans plus tard et 6 mois après on habitait ensemble. Il faut dire qu’elle avait 18 ans lorsque l’on s’est rencontré pour la première fois alors fauteuil ou pas, elle avait besoin de son expérience de vie. Je crois que la pression est plutôt du côté du conjoint valide qui peut mettre beaucoup de poids derrière son engagement, parfois parce qu’il s’imagine que la personne en fauteuil n’a pas beaucoup d’occasions d’avoir des relations.
Aussi, je crois que c’est important de laisser le temps au partenaire de faire son chemin.
Adrien : Oui, il n’y a pas d’autres choix que d’apprendre à vivre avec. Et quand il s'agit d'être en couple, c'est souvent plus délicat pour le conjoint valide que pour la personne en situation de handicap. L'entourage comme la famille sont souvent tentés de questionner ce choix.
Adrien : Elle évolue rapidement et dans le bon sens ! Dans les années 80, il y avait très peu de couples mixtes. Aujourd’hui, on est dans une dynamique plus inclusive et pour les hommes c’est souvent une différence qui attire la sympathie. J’ai un copain tétraplégique qui a énormément de succès sur les applications de rencontre : il n’arrête pas ! Le premier rendez-vous est facilité car une personne en fauteuil inspire tout de suite la confiance. C'est sûrement différent pour les femmes. Pour les hommes, je ne connais pas un blessé médullaire qui ait accepté son handicap et qui soit célibataire par défaut.
Claudia : Oui, c’est vrai que tout le monde nous regarde et au début, on n’est pas préparé à cela. Cela prend du temps de s’habituer mais aujourd’hui je ne le remarque plus. Il y a bien sûr encore des remarques, notamment des enfants qui sont très spontanés mais ce n’est pas malveillant et j’ai pris l’habitude d’y répondre. Ce qui est plus gênant, c’est souvent… la gêne des parents !
Ce qui m’a travaillé aussi au début de la relation, c’est la sexualité. Je savais qu’il était déjà très autonome, qu’il faisait du sport et qu’il conduisait mais de ce côté là, c’était plus mystérieux.
Claudia : D’être là où on en est aujourd’hui : c’est-à-dire d’avoir fondé une famille avec deux charmants enfants et d’avoir su dépasser les obstacles ensemble. Adrien a toujours été quelqu’un de très positif avec beaucoup d’énergie ce qui au quotidien facilite grandement les choses.
Merci à Claudia et Adrien pour ce partage authentique !
En septembre 2019, Maïlys et Céline ont participé à un séjour avec Comme les autres. On leur a demandé ce que cette semaine avait changé pour elles.
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Vous avez peut-être déjà crevé une roue de vélo ? de voiture ? C'est pénible, hein ? Ça l'est encore plus quand vos roues, ce sont vos jambes ! Pour permettre à nos bénéficiaires de s'en sortir en toutes circonstances, nous avons organisé un atelier de réparation express d'une roue de fauteuil.