L’accompagnement social chez Comme les Autres a parfois tendance à être éclipsé par les séjours-aventure sportifs qui sont régulièrement mis en lumière. Pourtant l’accompagnement social individuel est au cœur de notre activité. Pour vous en dire plus, nous avons interrogé Chloé Pilet qui a rejoint l’association en 2017 en tant que travailleuse sociale.
J’ai fait une formation initiale d’assistante sociale car je voulais travailler dans la relation d’aide. J’ai eu plusieurs expériences professionnelles avant d’intégrer Comme les Autres et la dernière en date était au sein du “Centre ressource des troubles psychiques”. J’étais alors chargée d’orientation, c’est-à-dire en charge d’identifier tous les partenaires médico-sociaux pour le handicap psychique afin de pouvoir ensuite mieux orienter les personnes atteintes de troubles et de leur faire gagner du temps dans le parcours de réinsertion.
Rejoindre Comme les Autres a consisté pour moi à transférer ce savoir-faire au domaine du handicap moteur (en particulier, pour les blessés médullaires) tout en ayant la possibilité d’être plus sur le terrain avec l’accompagnement individuel personnalisé.
La première spécificité, d'après moi, c’est la combinaison du travail d'accompagnement individuel à des activités collectives. Le suivi individuel est largement enrichi par les nombreuses activités sportives, culturelles, proposées aux bénéficiaires et aussi par les partenariats de compétence que l’on développe (art thérapie, sophrologie, relecture de CVs, etc). C’est rare d’avoir accès à cette richesse de propositions.
Ensuite, il y a notre liberté d’action qui nous permet de proposer un accompagnement qui est véritablement adapté aux besoins de la personne. L’accompagnement chez Comme les Autres est à géométrie variable : pour certaines personnes, le suivi sera très rapproché avec beaucoup d’interventions de notre part et pour d’autres, cela va consister en un coup de pouce ou une mise en relation de temps en temps.
Enfin, notre méthodologie d’accompagnement se donne comme objectif la reprise d’une activité professionnelle. En travaillant cette problématique, nous travaillons tous les autres besoins de la personne pour lever les freins au retour à l’emploi : récupérer de l’autonomie, se maintenir en bonne santé, gagner en confiance en soi, améliorer sa mobilité, etc.
Je travaille en Ile-de-France et je constate que la mobilité est une problématique très fréquemment soulevée. Les franciliens sont peu véhiculés, comptent sur les transports publics pour se déplacer et lorsque l’on devient handicapé, cela demande un gros travail d’adaptation. Dans un premier lieu, je les accompagne souvent là-dessus. De plus, c’est une porte d’entrée pour les autres enjeux de l’accompagnement : avoir une vie sociale, reprendre un emploi, etc.
Oui je peux vous parler d’un suivi en cours qui est assez emblématique des problématiques sur lesquelles on travaille. J’accompagne depuis le printemps 2020, Christophe* : il a une quarantaine d'années et il est devenu paraplègique suite à un accident de travail. Je l’ai rencontré à la sortie du centre de rééducation. Nous avons tout d’abord travaillé sur l’adaptation de son logement : je l’ai accompagné dans la réalisation de devis pour faire des travaux, sur la base de préconisations faites par les ergothérapeutes du centre de rééducation. En parallèle, nous nous sommes occupés d'une demande d’aide auprès de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Je l’ai également aidé à trouver un kinésithérapeute disponible sur son territoire.
L'été 2020, Christophe a pu partir en séjour-aventure sportif dans le Var et nous en avons débriefé ensemble à son retour. Cette expérience lui a permis de beaucoup gagner en autonomie et de faire disparaître des limites qui n’étaient en fait que mentales.
Nous avons encore plusieurs chantiers à faire avancer : la reprise du sport, l’achat et l’adaptation d’une voiture et enfin son retour à l’emploi. Nous travaillerons ensemble et avec les partenaires de l’insertion professionnelle, sur les possibilités qui s'offrent à lui.
En 2020, nous avons expérimenté une nouvelle méthodologie pour l’accompagnement social. Jusqu’alors, les séjours-aventure sportifs étaient la porte d’entrée de l’accompagnement. Aujourd’hui, c’est différent : on commence l’accompagnement avant, on s’entend sur des objectifs et on déclenche le séjour au moment le plus opportun. Enfin, du moins, quand le covid ne s’en mêle pas !
Ensuite, nous avons mis au point un livret d’accompagnement qui est un outil de travail pour la personne accompagnée et pour le travailleur social. Il contient des objectifs établis avec la personne accompagnée et on le co-signe en début de parcours.
Aujourd’hui, l’enjeu principal consiste à poursuivre en l'accélérant la structuration et la documentation de l’accompagnement social afin de renforcer la formation des futurs travailleurs sociaux qui nous rejoindront et de grandir tout en gardant notre singularité.
*Ceci est un nom d’emprunt, nous avons choisi d’anonymiser la personne accompagnée.
Elle couvre la région Bretagne et la Loire-Atlantique et permettra de répondre à une demande importante d'accompagnements dans la région.
Une sélection de 8 livres : des témoignages et des essais pour mieux comprendre le processus de transformation que vivent les personnes qui deviennent handicapées suite à un accident de la vie.
Le samedi 28 août 2021 les lyonnais ont pu découvrir une exposition photos à même le sol : une oeuvre artistique et collective pour changer de regards sur le handicap.