Afin de permettre un rebond rapide après la sortie du centre de rééducation, l’association met systématiquement en relation les bénéficiaires de l’accompagnement avec d’autres personnes en situation de handicap, expérimentées, formées et en mesure de transmettre leurs connaissances sur le handicap.
Ils leur donnent des conseils pratiques et techniques : comment faire un transfert seul ou avec un peu d’aide, comment se déplacer en fauteuil et passer les obstacles du quotidien (marches, trottoirs…), comment aménager son logement pour le rendre plus adapté et agréable, comment prendre soin de soi et de sa santé...
Ils les accompagnent ainsi pour gagner en autonomie dans leur vie quotidienne.
Au-delà de ces conseils pratiques et techniques, les discussions portent aussi bien sur la vie quotidienne que sur l’estime de soi, le rapport à la séduction ou encore le regard des autres…
Des pair-accompagnants (ou référents handicap) sont présents sur toutes les activités collectives organisées par l’association. Ils montrent l’exemple, lèvent les appréhensions, écoutent, observent, échangent. Ils partagent leur expérience pour mettre à l’aise le groupe et chaque personne qui le compose. Ils invitent chacun à explorer de nouveaux horizons d’action, de bien-être et de plaisir.
Le pair-accompagnement est également mobilisé dans le cadre du travail social individuel pour travailler sur des enjeux précis avec la personne accompagnée.
Sandrine et Gladys ont accompagné Marie-Aimée à différents moments de son parcours de reconstruction. Nous les avons interrogées toutes les trois sur leur vision du pair-accompagnement.
« J’ai rencontré Marie-Aimée lors d’un séjour-aventure sportif avec Comme les Autres. De Marie-Aimée, on voit directement sa bonne humeur et sa joie de vivre. Être pair-accompagnant, c’est observer, écouter et redonner confiance. J’ai remarqué que Marie-Aimée avait encore des choses à faire évoluer dans son quotidien.
Nos premiers échanges ont porté sur des petites astuces. Par exemple, je lui ai conseillé d’enlever sa roue anti-bascule afin qu’elle travaille son deux-roues et qu’elle puisse monter des trottoirs. Nous avons aussi échangé sur le voyage. Elle souhaitait retourner en Guadeloupe. Ayant visité de nombreux pays en fauteuil, j’ai essayé de lui montrer qu’il était tout à fait possible de continuer à voyager.
Pour moi, il est essentiel d’expérimenter par soi-même afin de se faire à nouveau confiance. Le voyage permet cette expérimentation.
Après le séjour, à l’occasion de la projection du film souvenir, j’ai logé quelques jours chez Marie-Aimée. En entrant dans son environnement, j’ai pu observer son quotidien. J’ai constaté que son auxiliaire de vie et son fils lui rendaient des services sur des choses qu’elle aurait pu faire elle-même.
Alors, j’ai essayé de lui faire prendre conscience du fait qu’elle était capable de nombreuses choses et que le handicap ne lui a pas enlevé son identité de femme et de mère.
Elle souhaitait également reprendre le travail. Alors, on a repris ensemble l’organisation de ses journées afin de l’adapter à un possible retour à la vie professionnelle. »
« Marie-Aimée, je l’ai rencontrée lors d’un « Projet Femme » de l’antenne Île-de-France. Nous avons participé à des ateliers relooking, maquillage et coiffure. Marie-Aimée, bien qu’elle ait adoré ces ateliers, ne voyait pas l’intérêt d’intégrer ces temps dans son quotidien. En centre de rééducation, on ne prend pas de temps pour cela. On est souvent en jogging ou en pantalon ample pour faciliter l’habillage. Ce que j’ai essayé de faire comprendre à Marie-Aimée et à toutes les filles présentes lors de ces ateliers, c’est que hors du centre, ce n’est pas la même vie.
Il est essentiel de reprendre les plaisirs que l’on avait avant son accident : si on aimait se maquiller ou s’habiller, il faut continuer !
Ce que j’ai aimé avec Marie-Aimée, c’est qu’elle était réceptive à mes conseils, qu’elle était étonnée par tout et qu’elle avait l’envie d’avancer.
Nous avons continué nos échanges lorsque j’ai visité son appartement, à la demande du travailleur social de l’antenne Île-de-France. Lors de cette visite, j’ai proposé à Marie-Aimée de déplacer son canapé pour agrandir l’espace de son appartement et améliorer sa mobilité. Je l’ai également conseillée sur les transferts de son fauteuil à ce canapé afin qu’elle puisse en profiter. Le pair-accompagnement c’est aussi ces petites choses-là qui facilitent tellement la vie. »
« Ce travail en tant que pair-accompagnante m’apporte beaucoup. Je me dis que tout ce que j’ai vécu sert finalement à quelque chose. Je peux éviter à des personnes comme moi, de passer par toutes ces galères. C’est une fierté. »
« Avant mon séjour, j’étais en fauteuil électrique. J’ai appris les différentes techniques de maniement du fauteuil manuel en centre de rééducation à Garches. Mais j’avais tout oublié. Avec Sandrine, pendant le séjour, nous avons repris toutes ces techniques.
Sandrine, elle, elle avait pris le dessus sur son handicap. Et ça m’a beaucoup inspirée. Par exemple, elle m’a montrée que j’avais encore la possibilité de partir en voyage ou que l’on pouvait se préparer rapidement même en fauteuil.
Avec Gladys, j’ai aussi découvert des petites astuces pour faciliter mon quotidien et réapprendre à prendre soin de moi. Aujourd’hui, j’avance. J’ai notamment repris mon travail de technicienne de laboratoire. »
Une sélection de 8 livres : des témoignages et des essais pour mieux comprendre le processus de transformation que vivent les personnes qui deviennent handicapées suite à un accident de la vie.
En 2019, l’antenne Provence-Alpes-Côte d’Azur de Comme Les Autres initie un partenariat avec le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) des Baumettes, à Marseille.
Le samedi 18 septembre 2021, s'est tenue une exposition photos éphémère dans les rues de Rennes : les photographies sont issues d'un travail avec nos bénéficiaires sur l'image et proposent un regard différent sur le handicap.