Laura a rencontré son compagnon 4 ans et demi après son accident : le temps d'assumer son nouveau corps, et de retrouver le goût de plaire. Elle nous a raconté les différentes étapes de sa reconstruction et les sujets sensibles (peur d'être une charge, regard des autres, sexualité) dont il faut être capable de parler librement pour avancer dans la relation.
Mon accident a eu lieu il y a 6 ans et pendant un moment, j’étais convaincue que je ne rencontrerai plus jamais personne. Je ne voyais pas comment quelqu’un pourrait m’assumer alors que je ne m’acceptais pas moi-même.
Cela a pris du temps avant que je change d’état d’esprit et que j’apprenne à m’aimer dans ce nouveau corps.
Petit à petit, j’ai commencé à avoir de nouveau envie de plaire et à reprendre confiance. Et puis, j’ai toujours eu envie d’être en couple alors j’ai commencé à réfléchir à ce qui pouvait être possible.
Ce qui m’a aidé, dans un premier temps, c’est de reprendre une formation. Cela m’a donné une raison de sortir de chez moi, une occasion de m’habiller et de me faire belle. Avant cela, je sortais très peu, je n’avais aucune envie d’aller me balader en ville en fauteuil.
Puis, je me suis inscrite sur un site de rencontres. A plusieurs reprises, ça a été source de déconvenues. J’ai toujours abordé rapidement la question du fauteuil et malheureusement, à de nombreuses reprises, les hommes avec qui j’échangeais ont purement et simplement disparu ! J’aurais préféré qu’ils prennent le temps de me dire qu’ils n’étaient pas à l’aise avec le handicap… Rare sont ceux qui m’ont posé des questions ou qui ont eu la curiosité de me rencontrer en sachant cela.
C’est néanmoins par un site de rencontres que j’ai connu l’homme avec qui je suis aujourd’hui. Comme pour les autres, je lui ai rapidement demandé s’il avait vu que j’étais en fauteuil (une des photos de la sélection pour le site laissait apparaître le fauteuil de Laura) et il m’a répondu “Oui, et alors ?”. J’ai été scotchée, je ne savais pas quoi répondre !
Au début de la relation, je me suis posée beaucoup de questions et j’ai failli y mettre un terme avant qu’elle ne démarre vraiment car je craignais d’être une charge pour lui. Je manquais de confiance en moi. Heureusement des amis m’ont conseillé de me laisser aller, de m’ouvrir. Et je me suis rendue compte, petit à petit, que les freins n’existaient que dans ma tête.
Ensuite, il y a le regard des autres. La première fois que l’on est allé manger en ville, je l’ai mis en garde sur le fait qu’on allait être regardé en lui conseillant de ne pas y prêter attention. J’ai néanmoins senti qu’il était blessé et importuné de se rendre compte à quel point j’étais dévisagée… Aujourd’hui, on arrive tous les deux à faire abstraction.
Et puis, il y a la question de la sexualité. Ce que je me suis dit dès le début, juste après l’accident, c’est que le jour où je serai bien avec quelqu’un, avec une confiance absolue, je l’autoriserai à aller voir ailleurs. Je peux avoir des rapports sexuels mais ce n’est pas avec moi que les hommes vont pouvoir s’éclater au lit. Et si j’aime quelqu’un, je ne veux pas le priver de cet aspect là de la vie. J’en ai déjà parlé à mon copain actuel, et… ça l’a énervé ! On aura l’occasion d’en reparler. J’ai beau savoir que cela me ferait souffrir de savoir mon copain au lit avec une autre femme, je culpabilise de ne pas pouvoir offrir une vie sexuelle “normale”.
J’ai envie de leur dire que les débuts sont compliqués et c’est normal, et qu’il faut du temps pour se ré-approprier son corps et reprendre confiance. Il faut aussi croire en sa bonne étoile et dans le fait que l’on va rencontrer des bonnes personnes qui vont nous tirer vers le haut. Enfin, j’ai envie de leur dire de ne pas se mettre la pression et de profiter des bons moments. Ce n’est gagné pour personne de vivre le grand amour pour la vie.
J’aimerais les inviter à aller au-delà des préjugés et à voir la personne avant le fauteuil. Ce sont “juste” quatre roulettes à prendre en compte, il y a des boulets invisibles qui sont bien pires.
J’aimerais que le handicap soit plus visible, partout : dans les médias bien sûr, mais aussi à l’école ou sur des métiers où on ne nous attend pas. Les gens en fauteuil, on aime bien les mettre derrière des bureaux. En revanche, on n’en voit jamais tenir une boutique ou dans des métiers comme le mien qui suis monitrice / éducatrice.
Un témoignage de Coumba et Bruno, tous les deux en fauteuil suite à un accident, ils sont partis en séjour-aventure sportif avec l'asssociation et nous font part de leur expérience.
Suite à la diffusion du documentaire "Comme les autres", nous avons cherché à évaluer qualitativement la manière dont il a pu faire évoluer la perception du handicap chez les personnes qui l'ont regardé, quelque soit leur rapport au handicap.
Elle couvre la région Bretagne et la Loire-Atlantique et permettra de répondre à une demande importante d'accompagnements dans la région.