Un nouveau projet a vu le jour en Île-de-France : le projet langage corporel. Celui-ci a rassemblé 12 participant·e·s en situation de handicap moteur afin d'expérimenter pendant 2 jours consécutifs, les bienfaits et les plaisirs de la danse, du chant et du théâtre.
Ce projet a la particularité d'avoir été co-construit de A à Z avec l'une de nos bénévoles, Gladys danseuse en fauteuil et chorégraphe.
Afin de mieux comprendre les dessous de ce nouveau format, nous sommes allés interroger Karine, travailleuse sociale en Île-de-France qui en est l'initiatrice.
Il y a eu deux facteurs déclenchant :
▪️Le premier, ce sont les retours des participants d'un séjour sur lequel Gladys, notre bénévole pair-accompagnante, était présente. Elle a proposé un cours de danse à l'ensemble du groupe et les retours ne se sont pas fait attendre.
Les handi du séjour nous ont remonté à quel point cette session leur avait fait du bien physiquement et mentalement. Ils souhaitaient tous réitérer l'expérience. Je me suis donc dis qu'il fallait surfer sur cet engouement.
▪️Et puis le 2e facteur c'était la volonté de faire participer davantage nos bénévoles pair-accompagnant·e·s dans la création de nos projets.
Habituellement, l'équipe salariée observe le terrain pour construire les contours d'un projet. Mais là l'idée c'était de partir d'une compétence repérée chez l'une de nos bénévoles pour répondre aux besoins et envies émanant des personnes qu'on accompagne.
Nous avons la chance d'avoir une équipe de bénévole pleine de qualités et de volonté. Mais jusqu'à présent, on les mobilisait peu dans la création et l'organisation d'activité. J'avais envie de renverser un peu la tendance et de davantage les impliquer. En croisant les regards, je m'assure aussi que ce projet réponde le plus justement possible aux problématiques de nos bénéficiaires.
On a fait une première réunion à deux pour écrire le projet, réaliser le budget, projeter la date et s'accorder sur le contenu.
On est parti d'une volonté de créer une comédie musicale. Gladys avait déjà toutes les connaissances et l'expertise nécessaire en danse pour savoir ce qui était réalisable. Elle a d'ailleurs pris en main la coordination artistique.
On voulait que les autres intervenant·e·s soient également en situation de handicap afin de favoriser la projection, l'inspiration et de montrer que l’on peut être en fauteuil et embrasser une carrière d’artiste !
Simon par exemple, le prof de chant, a pu raconter son parcours de chanteur lyrique puis de prof de chant. Il nous a expliqué comment il a repris sa carrière après l’accident et les bienfaits que cela a eu sur lui : il a retrouvé une plus grosse capacité respiratoire grâce au chant.
On n’a pas trouvé de prof de théâtre handi, mais on cherche toujours 😊
Nous avons ensemble décidé de la constitution du groupe. Le travail à deux s'est super bien passé !
💬 Retour de Gladys :
« J’ai trouvé ça super intéressant de co-créer un projet avec la travailleuse sociale. Le travail est différent quand ce sont les travailleuses sociales qui pensent le projet. Là, tout était réfléchi ensemble. C’était très enrichissant, ça m’a beaucoup plu. Je suis fière de me dire qu’on a co-produit ce projet. Je me suis sentie impliquée et ça donne encore plus d’impact au rôle que j’ai dans l’association. Je pense que ça peut être quelque chose à conserver pour la suite. »
💃 Le premier jour nous avons commencé le matin par un cours technique de danse pour que tout le monde ait de bonnes bases de danse en fauteuil. La danse, c'est exprimer des émotions à travers son corps. À travers la danse, on réapprivoise l'espace, on reprend de la place avec le mouvement du fauteuil, des bras et du corps. Cela permet également de travailler la coordination des mouvements.
🎤 L'après-midi on a fait un cours de chant lyrique avec Simon, notre professeur de chant. Nous avons choisi la musique "Mais je t'aime" de Camille Lellouche et Grand Corps Malade. Nous nous sommes entraînés à la chanter ensemble. Le chant en groupe permet de décentrer de soi pour mieux entrevoir les autres. On est obligé de se caler au groupe. Le chant permet aussi d'oser. Oser prendre de la place, oser chanter fort, oser exister en quelque sorte.
🎭 Le matin du deuxième jour nous avons fait une séance de théâtre d'improvisation avec notre professeure Candice. Cela nous a notamment permis de travailler l'interprétation des émotions mais aussi le lâcher prise.
On a pu incarner différents personnages et certain·e·s ce sont vraiment révélé·e·s dans cet exercice.
⭐ Enfin, la tant attendue représentation a eu lieu l'après-midi. Il s'agissait alors de conjuguer le chant, la danse et le théâtre. Au début on s'est entraîné·e·s sur une chorégraphie. Une fois prêt·e·s, nous nous sommes lancés dans le grand bain et nous avons réalisé la chorégraphie sur l'entièreté de la chanson.
On ne pensait pas que ça rendrait aussi bien ! Tout le monde a super bien joué le jeu. On est sorti de ces deux jours fatigué·e·s mais fier·e·s d'avoir accompli autant en si peu de temps.
Ce projet a entre autre permis de travailler le lâcher prise, l'expression des émotions, l'interprétation et la confiance en soi et en l’autre.
Il a également permis à l'ensemble du groupe de se dépasser, de sortir de sa zone de confort et se (re)découvrir.
On souhaitait aussi que ces deux jours puissent permettre à chacun·e d'oser dépasser ses barrières mentales et de se sentir libre.
On peut objectivement, au vu des retours des participant·e·s, dire que c'est une mission réussie 🎉
💬 Retours des bénéficiaires :
« Je voulais vous remercier pour ce projet, parce que ça m’a donné le courage d’entreprendre quelque chose par moi-même. À l’hôpital où je travail, dans notre service, les médecins ont créé un groupe de musique. Ils font régulièrement des concerts. Ils voulaient me recruter depuis le début que j’y travaille (depuis un an) mais j’ai toujours refusé même si j’avais envie mais je n’osais pas. Après le projet j’ai proposé de chanter « Espoir adapté » de Grand Corps Malade avec eux, ils étaient super contents. Et comme ils ont bien aimé ma voix, ils me recrutent pour chanter plusieurs chansons maintenant. Et ça me fait du bien. »
« J’ai découvert de nouvelles et belles personnes avec qui j’ai pu partager de très bons moments. Le contact et l’enthousiasme que j’ai pu avoir avec l’ensemble des participants a été rapide comme si ce n’était pas la première fois qu’on se rencontrait. J’ai passé 2 superbes journées, qui pourraient se renouveler en ma présence avec joie. »
« J'ai beaucoup aimé l'esprit d'équipe dans ce projet. Le fait de danser en fauteuil était une première pour moi, c'était un moment unique. Tout ce qu'on a fait pendant ces 2 jours, je rêvais de pouvoir le faire un jour et grâce à Comme les Autres, ce rêve est devenu réalité. »
Adrien et Claudia se sont rencontrés après l'accident d'Adrien. Ils nous ont parlé de la manière dont leur couple s'est construit, du regard des autres et de l'évolution de la perception du handicap moteur dans la société.
Nous sommes allés à la rencontre d’Adèle, travailleuse sociale de l’antenne Provence-Alpes-Côte d’Azur et de Coumba, bénéficiaire. Elles nous racontent comment elles ont vécu le projet image de soi et l’impact que peut avoir un tel projet sur les participantes.
Témoignage de Patrick, l'auteur de "Le fil rouge d'entre nos vies" un livre collaboratif qui raconte des "histoires d'espérance", à travers de portraits forts et attachants de personnes connues ou jusqu'à présent anonymes.