Avec 6 bénéficiaires de la région Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons expérimenté un nouveau format de 3 jours autour de l'image de soi. Au programme : théâtre, écriture, introspection, exercices de mobilité, atelier sur l'habillement adapté, etc. L'objectif était de travailler collectivement sur le regard que l'on porte sur son handicap et d'avancer vers une plus grande estime de soi. Des participants nous ont confié avoir été transformés par ces 3 journées.
A l’origine du projet, un constat des travailleurs sociaux : le regard des autres et le regard que la personne handicapée porte sur elle sont sources de nombreux blocages. C’est le cas, par exemple, d’un de nos bénéficiaires qui rapportait ne pas sortir de chez lui pour aller acheter le pain : non pas parce qu’il a un problème de mobilité mais parce qu’il est inquiet du regard que le boulanger, qui ne le connaît pas encore en fauteuil, pourrait porter sur lui. Ne pas accepter le regard des autres se révèle aussi très bloquant dans le cadre d’une recherche d’emploi. Pour lever ces freins, nous avons eu envie de proposer un espace où l’on pourrait travailler ces items en confiance, et en collectif.
Ce programme a été proposé uniquement à des bénéficiaires qui étaient déjà partis en séjour avec Comme les Autres : la confiance dans l’association et dans le collectif est alors déjà établie et autorise plus de lâcher prise. Par ailleurs, ces participants avaient tous manifesté l’envie de travailler sur eux.
Ce sont d’abord des activités collectives relativement peu impliquantes du point de vue émotionnel qui ont été proposées : de la cuisine et du théâtre. La deuxième journée était placée sous le signe de l’introspection avec une exploration (s’appuyant sur des méditations et des visualisations) guidée par une sophrologue et un atelier d’écriture pour intégrer ce qui avait émergé lors de ce voyage intérieur.
Le 3ème jour, de nombreux conseils ont été partagés autour de l’activité physique quotidienne et de l’habillement. Ces 3 jours se sont clôturés par un shooting photo réalisé par une de nos bénévoles (Oksana) et une soirée très joyeuse où les participants ont mis leurs plus beaux vêtements pour se rendre dans un bar à Vaux en Beaujolais.
Des changements chez les participants ont pu être observés avant même la fin des 3 jours : cela s’est vu à l’énergie palpable au sein du groupe, au plaisir de se faire belle et beau le dernier soir, à des ébauches de projets dont les uns et les autres nous ont fait part. "Une amie m'a trouvé transformée au retour du séjour. Je suis moins nerveuse, plus disponible pour mes proches et je me remets à faire des projets. J'ai aussi changé la manière dont je m'habille et remets des jupes alors que je n'en mettais plus depuis 2 ans !" rapporte Alexandra, une des bénéficiaires.
Après leur retour, la moitié du groupe nous a rapporté l’envie d’aller acheter des vêtements, comme un moyen de se réapproprier leur image, de manifester à l’extérieur une transformation qui s’est vécue à l’intérieur. Certains ont également eu envie d’acheter des accessoires un peu voyants : une manière de se rendre visible tout en attirant le regard sur autre chose que le fauteuil. Tous estiment avoir levé des freins et s’être sentis "boostés" pour avancer vers de nouveaux projets tant au niveau personnel que professionnel. Deux d’entre eux ont profité de ce recentrage pour relancer des projets de formation en tant que cuisinier pour l’un et graphiste pour l’autre. “En rentrant, je me suis renseignée sur les écoles de danse handi-valide. Je souhaiterais faire de la danse de cabaret. Ces 3 jours ont été un déclic pour me permettre de concrétiser mes envies. J’ai vraiment repris confiance.” raconte Mariana.
Ce premier essai nous a confirmé que ce type d’activités pouvait avoir une action très complémentaire aux activités sportives. “Je me suis rendue compte qu’il y avait d’autres activités que le sport qui pouvaient m’aider.” témoigne Sandrine, référente handicap présente lors de ces 3 jours. Ce programme est documenté et pourra prochainement être proposé à des bénéficiaires des autres antennes afin d’accompagner de manière efficace celles et ceux pour qui le manque d’estime de soi et la peur du regard de l’autre sont les principaux freins au rebond vers une vie épanouie.
L'antenne Auvergne-Rhône-Alpes initie un partenariat avec l'association Eris qui facilite l'intégration des réfugiés et des demandeurs d'asile.
À contre-courant des images souvent véhiculées sur le handicap, Tous pour Un dresse le portrait d’une famille unie autour d'un des siens, Michaël Jérémiasz